Un texte de Marcel Le Hir

 

 

 

L’amour enveloppé de prière accomplit des miracles

 

Quand notre humble prière, dans les jours les plus sombres, est entendue de Celui qu’on nomme Dieu, elle permet de voir quelque chose de beau dans l’existence, de voir les autres sous un autre aspect, celui de l’amour.

La prière c’est une demande pour un autre, pour nous, ou un remerciement, mais c’est avant tout une relation avec Dieu. Dans tout désespoir il y a une lueur d’espoir, mais il faut savoir saisir les mains qui nous sont tendues. Aller vers les cœurs qui nous aideront à devenir un homme debout, un homme que la foi a sauvé, comme disait Jésus à telle ou telle personne transfigurée par une parole, un geste vrai, que quelqu’un a su poser un jour sur lui. C’est aussi lui permettre de passer de la haine à l’amour, passer de la honte à la fierté, grâce à la foi.

Oui, produire une naissance ou plutôt une renaissance. J’étais la brebis perdue, je suis maintenant porté, telle une brebis, sur les épaules de mon berger, Jésus.

Rien n’est impossible quand on a cette force qui ne vient pas de soi mais de Jésus. Il me nourrit d’espérance, me bousculant dans mon quotidien en me laissant interpeller par la souffrance des autres, par des gestes simples, modestes, parfois dans le silence, en étant à l’écoute de cette solitude, même dans l’inattendu. Ne sommes-nous pas entourés de plaintes invisibles de personnes qui attendent une main tendue pour les amener vers le bonheur et la paix.

Quand je regarde la croix je me dis que ma prière ne doit pas être seulement verticale. La souffrance est aussi bien sur notre droite ou sur notre gauche, mais aussi au pied de cette croix, c’est-à-dire à notre porte, sachant que le haut de la croix, c’est la délivrance en Jésus.

Jésus a vaincu la mort et il fait briller la vie à jamais, c’est pourquoi ma prière ne doit pas être gelée, je dois la rendre vivante, pleine d’espérance dans l’épreuve que subissent mes frères, pour les libérer de tout ce qui les entrave, le rejet, l’exclusion, le regard néfaste.

Des fois, Seigneur, j’ai envie de dire à ceux qui les persécutent, comme toi tu l’as été : « Regarde mieux et tu verras, ouvre les yeux, toi qui me regardes, que vois-tu, toi qui me juges ? Que penses-tu de cet homme, de cette femme, faisant la manche ? Leur regard perdu, c’est ça que tu vois ? Alors ouvre les yeux, ce n’est pas moi. Je vais te dire qui je suis, je suis le premier des sept, avec un père, une mère, des frères et des sœurs qui s’aimaient. Mais on nous a séparés, c’est pour cela que je suis ici aujourd’hui, et ce n’est pas moi que tu juges, c’est Jésus ! » Car moi, depuis que je l’ai rencontré, mon cœur s’est ouvert, il me fait regarder au loin, en ouvrant mes yeux. Mes rancunes se sont estompées, lui seul guide mon chemin, rien ne se fait sans la présence de Dieu.

Mon ascension se fit progressivement, en cheminant, par la prière, par des rencontres. Combien d’amis ont partagé mes difficultés, mes peines, mais après tant d’amour reçu par les partages, l’accueil, par la fraternité, aujourd’hui nous partageons à Pierre d’Angle notre foi, notre espérance dans une très grande confiance, dans la prière, pour faire moissonner la vie.

Je reste émerveillé par cette confiance qu’on m’a accordée. Elle a fait jaillir la lumière et la puissance de l’amour qui relève, c’est la foi vivante.

A travers le « Notre Père », parole de germination qui restaure l’être en profondeur et le remet debout, je me suis laissé trouver par Celui qui est le chemin de la vérité et de la vie.

La prière a cela de magnifique, c’est qu’on est toujours en communion avec le Christ. Avant, souvent, j’étais découragé de prier, des demandes sans réponses, silence de Dieu, je le cherchais sans le trouver, avant que je comprenne que c’est lui qui me cherche à travers l’évangile de la vie.

Est-ce que mes actes étaient réellement en lien avec Jésus ? Il a fallu que mes prières soient vraiment en lien avec mes gestes de tous les jours et que je croie très fortement en ce Dieu aimant. J’ai compris qu’il ne suffisait pas d’avoir la volonté de faire du bien à l’autre, « faire sa B.A. » comme on dit, mais que c’était tout d’abord de croire dans l’autre, dans la vie qui l’habite, et d’essayer de mettre celle-ci en valeur.

L’aider à étouffer les mauvaises herbes, pour faire germer le bon grain. Jésus m’a enseigné que pour accomplir cette tâche, il fallait changer mon regard, regarder l’autre avec les yeux de la foi, comme les yeux que Jésus a posé sur moi à travers mes rencontres.

J’ai pris conscience aujourd’hui que je demandais à Dieu de faire le boulot à ma place, mais c’est plutôt à moi d’accomplir, de faire, c’est cela la foi vivante. Je dois lui demander, à travers la prière, de m’accompagner, de m’aider à vivre ma foi par des actes d’amour. C’est un peu le raisonnement qu’avait le Père Joseph : «  Ne pas faire pour les pauvres mais faire avec eux », en ayant un regard de foi.

Jésus est au cœur de notre vie, il se mêle à celle-ci en nous demandant d’être avec lui sur tous les chemins pour que notre vie devienne « Prière », car prier c’est une relation directe à Dieu.

Bien souvent, nous tentons d’oublier le passé, pour avoir une sorte de paix, ne pas s’attacher à celui-ci. Or, tout ce que l’on a vécu demeure en nous et continue de vivre. Jésus est venu pour porter nos souffrances, on doit les lui donner, et pour cela, il ne faut pas les oublier mais plutôt oser les déterrer, les regarder en face, ne plus avoir honte et les accepter, c’est comme cela qu’on devient libre et qu’on reconnaît notre foi en Jésus qui permet de changer notre comportement pour accueillir son amour.

Notre voyage sur cette terre ne doit pas être un voyage solitaire. Quand dans ma prière à Jésus je vois ce chômeur, cet être qui fait la manche, la famille qu’on expulse, c’est Jésus que je vois car cette souffrance, c’est Jésus qui souffre au creux de ces solitudes.

Bien souvent on va vers eux comme un bon chrétien, avec fraternité, en posant des actes. Mais est-ce suffisant ? Ne devons-nous pas aller à la rencontre avec tout notre être, cœur et esprit, car tous les hommes ont besoin d’amitié, de tendresse, nous sommes tous frères.

La vie est un long pèlerinage et à un moment ou à un autre, il nous faut changer notre regard, un regard avec les yeux de la foi, pour pénétrer plus profondément la souffrance du frère.

Je crois à la force de la prière. Si nous y associons des actes, alors cette prière deviendra la pâte de notre vie, Jésus fera lever cette pâte pour créer de l’amour, de la lumière, de l’espérance.

Cette prière :

Seigneur, encore une journée qui s’écoule avec des moments de doute, de découragement.

Je suis passé près de pauvres gens dans la rue, sans rien pouvoir faire, impuissant, pardonne-moi.

Merci pour ta patience,

Je sais Seigneur que tous les jours tu viens à ma rencontre

Alors, Seigneur, sur le chemin de la paix et du bonheur, sois notre guide pour que nous puissions atteindre notre but, c’est-à-dire croire en l’amour de ton fils, car sans lui, il nous est impossible d’avancer, même d’un seul pas.

C’est en se confiant à toi qu’on se met en route, nous sommes tous des mendiants, fragiles, que tu habilles de ton amour ?

Marcel Le Hir, février 2017