Deux thèses de théologie, par Jean-Claude Caillaux

 

 

Dans les semaines qui viennent, deux thèses de théologie vont être soutenues au Centre Sèvres : la première le lundi 12 octobre 2020, et la seconde, le 9 novembre 2020.

Le 12 octobre c’est le tour de Frédéric-Marie Le Méhauté, prêtre franciscain. Sa thèse a pour titre : « Révélé aux tout-petits. Une aventure théologique à l’écoute de la ‘mystérieuse sagesse’ des plus pauvres. » Frédéric-Marie a travaillé à partir des documents réunis dans la recherche « Qui dites-vous que je suis ? », qui avait été menée par les fraternités de La Pierre d’Angle (onze à l’époque, auxquelles s’était jointe des membres de la fraternité Saint Laurent de Toulon), d’octobre 2009 à Juin 2011. Une rencontre conclusive avait eu lieu au cours d’un week end en novembre 2011.

Et le 9 novembre, ce sera le tour de François Odinet, prêtre au Havre. Le titre de sa thèse :« Les premiers ressuscités. Les pauvres, maîtres en résurrection. » François a travaillé à partir de documents provenant des rencontres d’une fraternité de La Pierre d’Angle (Paris), du groupe « Place et parole des pauvres » de Toulouse et de la famille Bartimée (Castanet-Tolosan).

Ces deux thèses, en partie à partir de la réflexion menée par des fraternités de La Pierre d’Angle, se laissent interroger par la parole des très pauvres, pour entrer plus avant dans l’intelligence du mystère de Dieu qui s’est fait pauvre (2 Co 8, 9 ; le père Joseph parlait quant à lui de « Jésus, Fils de Dieu, fait homme de la misère »).

Ces deux événements sont importants pour nous, membres de La Pierre d’Angle, dans la mesure où cette dynamique de « recherche » fait partie de notre identité : « Transmettre l’expérience de vie et la réflexion des plus pauvres à l’Église et au monde », est-il écrit dans notre Charte.

Les fraternités de La Pierre d’Angle ne sont en effet pas seulement des lieux où prier et lire ensemble l’Évangile, avoir des relations de fraternité pour peu à peu « entrer dans le contenu de la foi de nos frères » et sœurs (père Joseph) ; elles sont essentiellement des lieux où nous apprenons à nous laisser enseigner par le plus pauvre, à nous laisser déloger de nos prêts-à-croire-et-à-penser. Elles sont une « école » où paradoxalement ce sont les plus pauvres qui sont à écouter et entendre.

L’expérience de vie des très pauvres, et la parole qui s’en engendrent, viennent questionner les racines mêmes de nos comportements et de nos manières de vivre, de penser et de croire. Elles viennent mettre à la question la manière dont nous parlons de Dieu, dont nous croyons le percevoir. Le père Joseph parlait à ce sujet des « pauvres, rencontre du vrai Dieu », insistant par ces mots sur l’idolâtrie qui est la nôtre lorsque nous continuons d’inventer un Dieu dont les attributs ne sont autres que nos propres caractéristiques. (Soit dit entre parenthèses : le père Joseph avait donné pour titre à ce livre : « Les pauvres, destructeurs d’idoles » ; le directeur littéraire des éditions du Cerf, Marc Joulin, avait jugé ce titre peu « attrayant », et avait alors proposé le titre actuel, – ce qu’avait accepté le père Joseph. Et dans une lettre de 1981, il écrivait : « Les pauvres, provocateurs de société et destructeurs d’idoles. »)

C’est de cette parole, venue du « sous-la-mer de la pauvreté » (père Joseph), que l’Église a soif. Et c’est cette parole, dont nous sommes les témoins souvent bouleversés, que nous avons à transmettre, après nous être laissés transformer par elle. Les thèses de théologie ne sont pas pour nous de subtils exercices de l’intellect, mais une voie (voix), parmi d’autres, pour donner à entendre cette parole précaire pleine de la diction de Dieu. Comme la voix de fin silence dont parle le Premier Livre des Rois.

Prions pour nos amis, théologiennes et théologiens, qui contribuent à leur manière à la construction de l’Église, et qui avec nous se mettent à l’école de ceux qui ont révélation d’une parole que nous peinons à discerner (cf. Mt 11, 25).

 

Pour lire ici un compte-rendu d’Etienne Grieu de la thèse de Frédéric-Marie Le Méhauté, Cliquez ici.

Pour lire ici un compte-rendu d’Etienne Grieu de la thèse de François Odinet, Cliquez ici.