Philipppe Quéau

 

Les plus pauvres détiennent la clé du futur

par Philippe Quéau,
dans Mémoire du XXème siècle. [1]

Le monde a besoin d’une vision, d’un projet qui puisse tenir compte de tous, en particulier des plus pauvres et des plus déshérités. Ce sont eux en effet qui détiennent la clé du futur.

Si nous n’en tenons pas compte, nous irons collectivement à notre perte, eux avec nous. Si nous leur rendons leur vraie place, comme personnes humaines, et à ce titre infiniment précieuses, alors c’est nous qu’ils rendront plus riches de leurs différences, de leur développement.

Ce sont eux qui créeront les conditions durables de la paix. Ce sont eux qui nous révéleront ce que nous ne pouvions pas voir, ce que nous n’étions pas capables de nous avouer sur nous-mêmes, les étroites limites dans lesquelles nous nous enfermions, les égoïsmes et les myopies.

Comme l’écrit Riccardo Petrella, « le bien commun est représenté par l’existence de l’autre ». Et celui qui se trouve être le plus défavorisé, est le plus « autre », justement parce qu’il est le plus défavorisé. Il est donc celui qui représente le mieux le véritable bien commun. C’est cela l’éthique dont nous avons besoin, et c’est à cette fin que la véritable culture doit s’attacher : faire exister l’autre.

[1]  Mémoire du XXIème siècle, Cahier 2 : L’Homme à venir, (ouvrage collectif), Paris, éd. du Rocher, 2000.
Philippe Quéau est Sous-Directeur général de l’UNESCO pour les Sciences humaines et sociales.