François d’Assise (2)

 

 

 

 

 

François d’Assise a rendu visite à une famille, habitant dans une petite ferme. Un enfant est très gravement malade et François le bénit. Revenant quelques jours plus tard, François et le frère Léon qui l’accompagne apprennent que l’enfant va mieux. Eloi Leclerc dans son livre Sagesse d’un pauvre (DDB, éd. de 1991, p. 108-109) imagine le dialogue entre le grand-père de l’enfant et François.

 

 

 

Le grand-père entra dans la maison avec les deux aînés qui lui trottaient dans les jambes. C’était un homme encore assez svelte, au visage tranquille, avec une paisible clarté dans les yeux.

– Bonsoir, mes frères, leur dit-il, Que vous êtes gentils d’être venus nous voir ! Nous étions bien inquiets au sujet du petit. Mais voilà que tout a ‘air de s’arranger.

– J’en suis très heureux et j’en remercie le Seigneur, dit François.

– Ah ! il faudrait toujours le remercier, repartit le vieillard avec calme et gravité. Même quand tout ne s’arrange pas comme nous le voudrions. Mais c’est difficile. Nous manquons toujours à l’espérance. Quand j’étais jeune, je demandais parfois des comptes à Dieu, lorsque les choses n’allaient pas comme je le désirais. Et si Dieu faisait la sourde oreille, je me troublais, je m’irritais même. A présent, je ne demande plus aucun compte à Dieu. J’ai compris que cette attitude était enfantine et ridicule. Dieu est comme le soleil. Qu’on le voie ou qu’on ne le voie pas, qu’il apparaisse ou qu’il se cache, il rayonne. Allez empêcher le soleil de rayonner ! Eh bien ! on ne peut davantage empêcher Dieu de ruisseler de miséricorde !

– C’est bien vrai, dit François. Dieu est le bien ; et il ne peut vouloir que le bien. Mais, à la différence du soleil qui rayonne sans nous et par-dessus nos têtes, il a voulu que sa bonté passe par le cœur des hommes. C’est là quelque chose de merveilleux et aussi de redoutable. Il dépend de chacun de nous, pour notre part, que les hommes éprouvent ou non la miséricorde de Dieu. Voilà pourquoi la bonté est une si grande chose.