Marcel Le Hir

 

 

Ce texte fait suite à la rencontre de La Pierre d’Angle à Issy-les-Moulineaux, en mars 2016. Le thème qui nous réunissait était la miséricorde, et nous avions commencé cette session par une célébration autour d’une représentation du « buisson ardent », vrs lequel nous avions apporté nos mémoires blessées. Marcel Le Hir s’en fait l’écho avec ce texte.

 

 

 

 

Ce que je sais de demain, c’est que le Seigneur sera levé avant le soleil

 

Nous venons de vivre des moments forts, à travers l’évangile incarné, le buisson ardent… Tous unis dans la miséricorde de Dieu. Cela nous a permis de nous reconcentrer sur une silhouette, celle de Jésus, l’homme véritable, le pauvre, l’affligé, l’affamé, le persécuté pour la justice, l’artisan de paix.

Cela ne ressemble-t-il pas à nos vies ? Il a voulu être au milieu des pauvres. C’est ce qu’on appelle la miséricorde, sa miséricorde.

Nous qui avons connu la misère, ou qui la vivons encore, nous nous reconnaissons dans les très pauvres parce que nous avons été des leurs, comme Jésus en son temps. Aujourd’hui nous avons une mission. Pour vivre et cultiver la miséricorde, il convient d’ouvrir son cœur à travers la rencontre de l’autre, il faut oser cette rencontre de celui qui n’est pas là, de celui qui se cache pour ne pas déranger, mais qui en même temps espère l’Ami, de celui qui souffre et crie en silence son désespoir, cette souffrance qui lui fait mal aux tripes.

Rencontrer l’autre en sachant que le Christ s’identifie au plus petit de ses frères, doit nous amener à miser sur la présence des uns aux autres, sur l’apprivoisement mutuel qui permet à la personne en difficulté de sortir de son isolement, de l’obscurité qui détruit.

Si nous gardons toujours en mémoire la silhouette de Jésus, celui qui fait l’éducation de notre cœur, alors nous entrerons dans le service à travers le visage de l’oublié, avec sa présence physique, celle qui interpelle, mais qui nous renvoie à la miséricorde de Jésus.

Nous devons être heureux d’être des compagnons de Jésus. Nous n’y trouverons aucun privilège si ce n’est de le connaître, mais plutôt une joie intime qui recueille la douleur, la peine, la joie, l’espérance.

A condition de ne pas garder sa vie pour soi. C’est cela vivre la miséricorde de Dieu.

Nous sommes en chemin vers Pâques, alors pensons au fond de notre cœur, que toute personne, quelle qu’ait été son parcours chaotique, sa misère matérielle ou morale, peut se relever quand elle trouve sur son chemin une main secourable, un regard de confiance, un frère en humanité.

Nous devons être la germination d’une parole, d’un acte qui restaure l’être en profondeur, qui remet debout.

La fraternité, la liberté, l’Amour ne se vivent pleinement qu’en Jésus en qui nous mettons notre foi, notre espérance. Nous devons être ce buisson ardent, vers lequel nous avons porté nos souffrances, nos joies, nos espérances.

Nous savons, à Pierre d’Angle, rentrer en dialogue car nous nous connaissons les uns et les autres, ce qui nous permet d’avoir des attitudes d’écoute profonde en évoquant bien des fois nos vies et celles des autres avec une grande force de conviction.

Car nous sommes unis par une même foi en Jésus à travers la profondeur de nos vies. Ne gardons pas cela pour nous. Nous devons être des messagers pour faire évoluer la société. Ne restons pas entre nous : allons chercher celui qui n’est pas là pour apprendre de lui. Alors, Seigneur, nous t’implorons, que ton Esprit illumine pour longtemps nos cœurs et soutienne chacun de nos pas, vers veux qui, invisibles et silencieux dans leurs souffrances et leurs efforts, espèrent l’Ami.