Un texte à partir de la mission

 

 

Au lendemain de la rencontre avec le pape, Monique Tonglet a écrit ce texte.

 

 

                                                       

La nuit suivante…

«  Je voudrais vous donner une mission que vous seuls, dans votre pauvreté, serez capables d’accomplir… Je vous demande de prier pour les responsables de votre pauvreté, pour qu’ils se convertissent … »

La nuit qui suivit ces mots que le Pape François adressa aux personnes en situation de grande précarité, le 6 juillet, j’ai pensé…

J’ai pensé.

Il inverse le regard ! C’est aux personnes les plus pauvres qu’il propose une inversion du regard ; et quelle inversion ! Prier, non pas pour être consolés, mais prier pour les responsables de la pauvreté !

J’ai pensé.

Il a confiance en eux. «  Vous seuls êtes capable d’accomplir cette mission… »  Il voit toutes les personnes dans leur grandeur, dans leur capacité à pardonner et à magnifier, à égalité avec leurs frères.

J’ai pensé.

C’est comme une nouvelle page d’Évangile que le Pape vient d’écrire. Grande, peut-être, comme le lavement des pieds… «  Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres. » Vous aussi vous êtes capables de prier les uns pour les autres, tous les autres…

J’ai pensé.

Au curé de campagne de Bernanos. Sa conversation avec le curé de Torcy.  « C’est aux pauvres que le Bon Dieu nous envoie d’abord, et pour leur annoncer quoi ? La pauvreté ! Ils devaient attendre autre chose, ils attendaient la fin de leur misère… » Je me suis dit : cette demande de prier pour les responsables de la pauvreté, c’est du même ordre, c’est peut être du même ordre…

J’ai pensé.

Au texte de Léon Bloy.

«  Il faut prier. Tout le reste est vain et stupide. Il faut prier pour endurer l’horreur de ce monde. Il faut prier pour être purs. Il faut prier pour obtenir la force d’attendre. »

J’ai pensé.

Au père Joseph Wresinski, qui disait :

« Les familles savent qu’elles ont une mission à remplir, elle fait partie de leur histoire qui n’a cessé d’être un non catégorique à l’injustice, à l’oppression, sans pour autant haïr les hommes. » Sans haïr les hommes…

J’ai pensé.

Il reste à écrire une nouvelle prière, cette prière-là. Il reste à demander la grâce de le faire…

J’ai pensé.

A ma grand-mère, qui m’a tant exclue, toute l’enfance. Et pour la première fois, j’ai prié pour elle : «  Seigneur, pardonne-lui, elle ne savait pas ce qu’elle faisait. »