Christian Bobin (1)

 

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Un texte de Christian Bobin, au sujet de Jésus, qu’il appelle « l’homme qui marche ». Dans L’homme qui marche, Cognac, Le temps qu’il fait, 1995, p. 11-12.


 

Il va droit à la porte de l’humain. Il attend que cette porte s’ouvre. La porte de l’humain, c’est le visage. Voir face à face, seul à seul, un à un. Dans les camps de concentration, les nazis interdisaient aux déportés de les regarder dans les yeux sous peine de mort immédiate. Celui dont je n’accueille plus le visage – et pour l’accueillir, il faut que je lave mon propre visage de toute matière de puissance – celui-là, je le vide de son humanité et je m’en vide moi-même.