Albert Rouet (2)

 

Un texte d’Albert Rouet, dans Trois vertus pour exister, éd. Saint Paul, 2001, p. 235-236.

Les pauvres ne sont pas matière à option…

Il y a un mot horrible en français, c’est le mot « option ». « Faire l’option préférentielle pour les pauvres » ce n’est pas seulement une tautologie, ni une redondance, c’est une erreur. Les pauvres ne sont pas comme la musique ou la danse au baccalauréat, matière à option. C’est un devoir, une exigence radicale d’être avec eux et de leur permettre d’accéder à l’humanité. Ils ne sont pas objet d’option. Le choix n’est pas libre. A partir du moment où on se dit chrétien, où on croit au Dieu de Jésus-Christ, où on lit l’Evangile, il y a des engagements qui sont nécessaires et des exigences d’humanisation indispensables.

Justement, la charité n’est pas du domaine de l’aléatoire, de la bonne volonté. Elle n’est pas un sentiment qui nous traverse de manière adolescente (et on peut être adolescent très longtemps), quand on est apitoyé par une misère, par un proche.

La charité est l’exigence d’exister ensemble dans ce corps d’humanité, comme Dieu veut que nous nous traitions les uns les autres. Nous sommes créés pour elle. Nous ne sommes pas créés simplement pour aimer (le mot est tellement ambigu aujourd’hui), pour avoir des sentiments pour l’autre, nous sommes créés pour créer l’autre. Nous sommes créés pour faire ressusciter l’autre. Nous sommes vivants pour que l’autre soit vivant.