Une spiritualité à partir du plus pauvre (18)

 

 

La certitude que Jésus est le Fils de Dieu qui se fit misère pour que tout misérable le reconnaisse. 

Jésus, Fils de Dieu, homme de la misère.

Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 82 et 125.

 

Jésus ne peut pas être décrit en un seul mot.

Chaque mot utilisé réduit sa personne, car Jésus est toujours davantage que ce que signifient les mots que nous utilisons pour nous adresser à lui ou pour parler de lui.

C’est pourquoi on l’appelle de multiples manières.

Jésus : Serviteur, Messie, Fils de l’homme…

Jésus : pain de vie, bon pasteur, la vigne…

Autant de titres que l’on donne à Jésus, ou que Jésus s’est donné à lui-même, pour nous permettre de mieux comprendre qui il est, pour ne pas faire de contresens sur sa véritable identité.

Et encore : Jésus abaissé jusqu’à l’humiliation la plus totale ; devenant esclave et obéissant comme le sont tous les esclaves ; obéissant jusqu’à la mort sur la croix.

Jésus vidé de lui-même, anéanti ; ne gardant pas le rang qui l’égalait à Dieu, mais devenant totalement semblable aux êtres humains ; traversant la douloureuse humanité.

Jésus allant jusqu’au fond de l’expérience humaine, jusqu’au plus loin de la douleur et de la souffrance.   [Voir Lettre de Paul aux Philippiens 2, 6-7]

Ces dernières formulations ne sont pas du « volontarisme » ou du « jusqu’auboutisme », mais la nécessité d’assumer l’ensemble de l’humanité sans aucune exception.

« Ce qui n’est pas assumé n’est pas guéri ; c’est ce qui est uni à Dieu, en effet, qui est sauvé. » Cette phrase de Grégoire de Naziance [mort en 390], le père Joseph Wresinski ne s’en fait-il pas l’écho en affirmant :

Pour embrasser et sauver l’humanité, Jésus était obligé de se faire le dernier des derniers. Sinon, il eût été reconnu par les possédants mais non pas par les plus humiliés.   (Les pauvres sont l’Eglise, p. 25)

 

Reconnaître que Jésus se soit fait esclave, comme le dit saint Paul, est-ce plus simple que d’accepter qu’il soit misérable ?

C’est la même chose.

Pour le Père Joseph, l’expression de saint Paul : « Il s’est fait esclave » devient « il s’est fait misérable », ou bien « Jésus, Fils de Dieu, homme de la misère ».

En s’incarnant, Dieu ne pouvait que prendre la dernière place.

C’est ce que l’Abbé Huvelin disait à Charles de Foucauld : « Jésus a pris la dernière place et personne ne pourra jamais la lui ravir. »

N’y aurait-il pas un nom à ajouter à tous les noms que nous prêtons au Christ : Jésus, Fils de Dieu, homme de la misère ?