Gustavo Gutiérrez (3)

 

 

Un texte de Gustavo Gutiérrez, dans Théologie de la libération. Perspectives, Bruxelles, éd. Lumen vitae, 1974, p. 325-326.

 

 


 

En définitive, nous n’aurons une théologie authentique de la libération qu’au moment où les opprimés eux-mêmes pourront s’exprimer librement et de façon active dans la société et le peuple de Dieu.

Des perfectionnements sont possibles : une attention à de nouveaux thèmes bibliques, la recherche d’un enracinement plus profond dans la tradition de l’Eglise, la confrontation avec d’autres aspects de la pensée contemporaine, la discussion avec de nouvelles tendances de la théologie actuelle, la comparaison avec d’autres expériences chrétiennes. Tout cela est utile et même urgent, mais ne peut être que des améliorations de l’intuition première.

Il est en effet nécessaire de comprendre que le saut qualitatif à une nouvelle perspective théologique ne se fera qu’au moment où les marginaux et les exploités deviendront, et toujours davantage, les artisans de leur propre libération ; quand leur voix se fera entendre directement et sans intermédiaires ; quand, avec leurs propres mots et leur propres valeurs, ils rendront compte de l’expérience qu’ils ont faite du Seigneur dans leurs efforts pour se libérer ; quand ils témoigneront de leur espérance en la libération totale dans le Christ, dont ils sont les « porteurs » pour tous les hommes.