Guy de Kerimel

 

 

 

Un texte de Guy de Kérimel, évêque de Grenoble,
Décembre 2010.

 


 

 

L’avenir du monde passe par les pauvres

 

Noël : un nouveau-né couché dans une mangeoire pour le bétail, parce que ses parents n’ont rien trouvé d’autre qu’une étable pour se loger et accueillir sa naissance. Cet événement s’est passé il y a deux mille ans, mais il pourrait être un fait divers lu dans le journal aujourd’hui. Or, ce nouveau-né est Jésus, le Fils de Dieu fait homme, qui vient au-devant d’une humanité blessée pour lui proposer un chemin de vie, et répondre à ses attentes d’un monde meilleur.


L’avenir du monde se trouverait-il du côté de ceux que nos sociétés marginalisent ? Je serais tenté de le penser.
Les personnes en grande précarité, souffrant de solitude, d’absence de logement, d’exclusion, ou de misère économique, nous dérangent d’autant plus qu’ils mettent en lumière nos égoïsmes et la dureté de notre cœur. A leur contact on se protège, jusqu’à vouloir les éliminer. Mais ceux qui acceptent de se laisser déranger s’engagent sur un chemin escarpé qui donne le vertige. Leur engagement les conduit à des remises en cause radicales, pour atteindre, non pas un sommet, mais la profondeur du cœur. Ils y découvrent alors une source pure qui transforme tout l’être. La rencontre des plus pauvres humanise ceux qui s’y risquent : cela se réalise quand on ne se contente pas de faire des choses pour les pauvres, mais quand on accepte de vivre avec eux une vraie rencontre.


Une société grandit en humanité lorsque les plus pauvres s’y sentent chez eux, non pas comme un fardeau qui coûte cher, mais comme une bénédiction pour tous.

« Seigneur, bénis-nous de la main de tes pauvres » !
Joyeux Noël !