A partir de quelques réunions

Trouver la route

Premier essai sur le contenu du travail des groupes

 

Le samedi 9 janvier 2010, les animateurs des groupes participant à la Recherche « Pour vous, qui suis-je ? » se réunirent pour faire le point.

A cette occasion, un commentaire a été fait à partir des premiers comptes-rendus.

Ce que je remarque c’est qu’il n’y a pas d’un côté la vie et de l’autre une expérience de foi.
L’un est dans l’autre, si je puis dire.

Il y a un lien vital entre l’expérience du malheur, des difficultés, de la précarité, parfois du découragement ou de la désespérance et l’expérience de Dieu.

Des lieux pour aller plus loin dans la foi.

Dans beaucoup de groupes il est souligné combien il est important d’avoir des endroits pour partager sa foi.

« On manque de lieu, dit Didier, à la fois pour parler des questions importantes et pour avancer sur le chemin de la connaissance de Dieu. »

Des lieux, oui, car il y a une attente, exprimée dans un groupe par des mots forts :
« Partager. Avancer. Grandir. Connaître plus. Venir à l’écoute. Apprendre encore. Continuer ma foi. »

On peut comprendre avec ces mots comment la route à suivre (avancer, venir, continuer) est celle d’une croissance qui est à la fois de l’ordre de l’apprendre et de la foi.

« Ecouter et accueillir le Seigneur ; approfondir la Parole de Dieu. »

Voilà qui nous fait aller encore plus loin : une écoute qui est un accueil pour entrer dans une intelligence intérieure de la Parole de Dieu : l’approfondir, aller plus profond

On trouve là l’objectif de notre recherche commune.

Je viens de relever la mention de la Parole de Dieu.

Une perle en passant :

« La Bible, c’est ton époux », remarque Didier en s’adressant à Elisabeth, qui réplique :

« Plus que cela. C’est tout ce qu’il y a dedans. » 

 

Dieu

Dieu, qui est-ce ?

Beaucoup d’incertitude, ou plutôt d’ignorance car il n’est qu’assez peu question de doutes. Mais le manque de mots, le manque de savoir fait comme un barrage à la possibilité de verbaliser Celui dont on parle.

Ce qui peut paraître une difficulté, peut aussi bien être une route pour parvenir à une juste compréhension de l’identité de Dieu.

Car si les mots sont flous, peu précis

(y compris sur la manière de nommer : Dieu, Jésus, le Christ… : « J’ai jamais été élevé dans la religion, mais je crois au bon Dieu. J’ai du mal à m’exprimer sur Jésus, mais Dieu oui, je lui parle. »)

une chose est sûre, palpable : il y a une expérience de Dieu.

On peut même parler d’une rencontre.

« Dieu, c’est comme une flamme », dit Christian.

Quelqu’un décrit d’une manière qui me paraît assez fulgurante l’expérience comme une forme d’aller vers Dieu, en traversant la perte :

« Que je le retrouve », « je l’ai perdu », « je ne peux pas lui demander de venir », « il faut que je revienne ».

Il y a là, confusément dit, un parcours du retournement, une prise de conscience spirituelle d’une obscurité qui appelle à un retour, aspiré par un désir : « Que je le retrouve », « lui que j’ai perdu »… Et pourtant « je ne peux pas lui demander de venir », mais « c’est à moi de revenir ».

Le Royaume

Je note, au détour d’un compte-rendu, la phrase admirable, de Jean-Jacques :
« Ce serait pas bien si Dieu restait en lui. »
Cette phrase lumineuse qui dit que Dieu ne peut pas se suffire à lui-même, qu’il est essentiellement relation, se retrouve sous d’autres formes dans tout ce qui est dit relativement au Royaume.

En effet, le Royaume de Dieu est approché, ou perçu, ou deviné (car il ne s’agit pas de définition, mais davantage d’un sentiment spirituel, comme disent les anciens en parlant des ‘sens spirituels’) comme « le rapport qu’ont les hommes avec Dieu ».

Le Royaume, bien sûr pas un espace, mais une relation, et même des relations (au pluriel) : « C’est ça le Royaume de Dieu : des liens ».

Et quelqu’un précise, allant plus loin, ou voyant d’un autre point de vue, ou à partir d’une expérience différente : « une communion », et même une « union avec Dieu ».

Le Royaume n’est donc pas une abstraction : ce n’est pas un retrait des relations humaines. C’est tout simplement « lorsque les gens se réunissent pour les autres autour d’un événement heureux et aussi dans la détresse ».

« Chaque fois que quelqu’un te tend la main, et quand quelqu’un s’arrête pour lui parler, c’est déjà le Royaume de Dieu qui est arrivé. »

Et c’est encore « servir l’autre sans rien en retour. Etre disponible à l’appel de Dieu.
Rallumer la flamme qui habite chaque homme qui est dans le désespoir. »

Ne reconnaissons-nous pas là Luc 7, 19 ss : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? Jésus répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » 

 

Tout cela est mystérieux…

Le mot « mystère » revient plusieurs fois.

Il est comme interprété par Bernadette, une femme qui ne parle presque pas :
« Dieu est invisible…Il est peut-être invisible, mais il parle. »

Ce qui n’est pas sans faire référence à Jean 1, 18 : « Personne n’a jamais vu Dieu, mais le Fils, lui, l’a raconté. »

Invisible, mais c’est une Parole : « Au commencement, la Parole était Dieu » (Jn 1, 1). 

 

Un texte rédigé en commun

Après un travail sur Dieu, un groupe décide de rédiger un petit texte à partir de ce qui s’est dit et des réactions des uns et des autres.

Voici ce texte :
« Un Dieu qui serait resté impassible,

un Dieu inerte, indifférent, qui ne s’occupe pas de nous,

un Dieu qui ne pense qu’à lui,

un Dieu le plus beau, le meilleur dans sa fierté,

qui se suffit par lui même, hautain,

un Dieu comme ça on n’en veut pas. »

Arrêtons-nous un peu sur ce texte : Un Dieu qualifié n’est pas un Dieu : on n’en veut pas. Que ce Dieu soit impassible ou le plus beau, indifférent ou le meilleur dans sa fierté…, alors il se suffirait à lui-même. Il ne serait pas relation. Il serait hautain, arrogant, drapé dans son orgueil.

Et ceci : « Un Dieu qui serait resté impassible… » Le conditionnel « serait resté » qui dit qu’il n’est pas resté impassible. Il n’est pas resté en lui-même, puisque il est dit qu’il est sorti : « Il est venu chez lui » (Jn 1, 1), et donc ne pense pas qu’à lui et n’est pas hautain.