Session de clôture

 

 

Une session de clôture de la recherche « Pour vous, qui suis-je ? » s’est déroulée les 21 et 22 novembre 2011.

 

Première intervention

par Marcel Le Hir, militant Quart Monde du groupe de Rennes

Bonjour à tous,

Tous les groupes de La Pierre d’Angle sont heureux de vous accueillir pendant ces deux jours.

Je viens vous présenter un travail, une recherche, et croyez-moi, cela n’est pas facile de vous dire en quelques mots ce que nous avons vécu et ressenti pendant ces deux années de travail.

La recherche de La Pierre d’Angle, c’est onze groupes sur la France qui se réunissaient une fois par mois.

Ces groupes ont réuni des personnes de différents milieux, des personnes qui connaissent la misère, parce qu’elles la vivent au quotidien, et d’autres qui ne la vivent pas mais qui la côtoient par leur engagement. Et dans ces groupes, à partir d’expériences partagées, nous avons vécu une incroyable aventure de la confiance en Dieu.

Concrètement, il y a eu entre 16 et 20 réunions selon les groupes avec un thème à travailler à chaque fois.

Il y avait un programme très précis.

Par exemple nous avons retracé notre histoire sainte.

Nous avons aussi travaillé sur ce que représente la croix pour nous.

Le pardon a été un thème très difficile à aborder car il arrive qu’on n’arrive pas à pardonner.

Un autre thème a été l’Eglise. Qu’est-ce qu’elle représente pour nous ? Est-ce que c’est important d’aller à l’Eglise ?

On a travaillé sur ces thèmes et à partir de textes de l’Evangile. On a réfléchi sur ce qui nous parlait dans ces textes.

Ce n’était pas des groupes de parole, non c’était plus profond. C’était des groupes de travail. Il y a eu beaucoup de préparations écrites. Les gens étaient très entreprenants sur les textes à travailler.
Ça nous a ouvert les yeux. On s’est exprimé simplement en communion les uns avec les autres. On a cherché la présence de Jésus. Après on repartait chez nous avec tout ce qu’on avait partagé.

En mai 2010, à la Maison des Evêques, il y a eu une session pour que chaque groupe puisse mettre ce travail dans quelque chose de plus grand que chaque groupe local.

On a travaillé à partir de notre vie. On a mis notre vie en relation avec la foi et on arrivait à l’Evangile et à Jésus.

Ce travail de deux ans nous a permis de tisser des liens encore plus fort qu’avant. Pourtant on se connaissait bien, on avait des réunions depuis longtemps.

Cela nous a fait comprendre que l’Evangile se vit à partir de la vie de chacun. C’est le parcours de foi de chacun qui nous fait vivre la foi en Jésus-Christ.

Vivre sa foi quand on vit l’exclusion c’est différent que quand on ne vit pas l’exclusion. On a la même foi, mais on la vit différemment. Vous comprenez ?

Etre ensemble, cela a été important pour tout le monde. Qu’on soit d’un côté de la misère ou de l’autre, on était tous égaux, des chrétiens à part entière.

Ce qui nous a réunis, c’est la reconnaissance de la foi en Jésus-Christ.

Cette recherche nous a fait comprendre et voir qu’en raison de leurs conditions de vie, les personnes les plus pauvres font une expérience de Dieu tout à fait particulière.

 

Celui qui vit la misère, il a quelque chose qui se passe à l’intérieur de lui qui lui permet de combattre pour vivre, de dépasser ses limites.

Il se reconnaît en Jésus parce qu’il a vécu des choses comme lui, d’être abandonné et d’être jeté dehors.

Le pauvre vit sa foi à travers Jésus, Jésus qui est pauvre.

Si Dieu s’est fait homme et pauvre, c’est pour montrer que le pauvre a ses valeurs.
Il ne peut que s’en remettre à Dieu.

Dieu c’est tout ce qu’il lui reste pour pouvoir espérer vivre.

Comme le disait le Père Joseph, les plus pauvres sont des « agents d’une connaissance de Dieu ».

Jésus a voulu nous montrer que le pauvre a la première place, que c’est lui qui nous montre le chemin aujourd’hui.

Ce chemin, c’est un chemin de vérité, de bonté et d’amour. On ne doit pas baisser les bras : c’est un chemin à continuer. On n’a pas le droit de ne pas continuer. On ne doit pas abandonner.

Les difficultés de la vie, ce sont des défis. Il nous faut entendre Dieu nous dire : « Etes-vous capables de relever ces défis ? »

L’Eglise est appelée à être un chemin de communion entre tous les hommes, pour construire une société dans la justice et dans l’amour. Les gens du bas ont le droit de penser, de comprendre et de s’exprimer pour dire comment ils comprennent l’Evangile à partir de leur vie.
Notre chemin, le chemin de l’Eglise, c’est Jésus Christ crucifié qui s’est fait pauvre. C’est notre expérience de vie et nous avons l’exigence de la dire.

Voilà en gros cette recherche de deux ans, très riche et très forte, une découverte de Dieu et des autres.

C’est aussi cela qui nous réunit pendant ces deux jours pour continuer ensemble à être à l’écoute des sans voix, qui rendent Jésus présent. Pour que leurs paroles deviennent transformation pour les Eglises et le monde.

Bon travail à tous, pour que nous repartions transformés et féconds, pour transmettre la parole de Jésus qu’on peut entendre à travers le Pauvre.

 

J’ajoute que La Pierre d’Angle tient à remercier deux fondations qui nous ont soutenus financièrement tout au long de ces deux années de recherche.
Sans elles, ni le travail, ni cette rencontre n’auraient été possible.

Bon week end à tous dans la joie de la rencontre.