Jésus-Christ, lui aussi, a d’emblée pris sa place au milieu de ceux qui sont en marge. De ceux qui n’ont pas de rôle dans l’histoire du monde, pas de rôle dans l’évolution, dans la marche, la construction, l’avancement du monde.

Jésus est allé vers ceux qui étaient dans l’errance parce que nulle place ne leur était faite dans la communauté. Il s’est situé en limitrophe d’un monde qui n’était pas prêt à le recevoir, au milieu des moins intéressants, des plus suspects, des plus misérables : les lépreux, les estropiés, les sans-travail. Il s’est placé parmi ceux-là, qui devinrent dès lors les privilégiés, bien qu’ils n’en eussent pas le visage, parce qu’ils étaient si démunis, justement.

Ainsi, Jésus a pris position à la frontière du monde, jusqu’à la fin de sa vie, au Golgotha, là où ne se rencontraient pas les gens « biens » qui faisaient marcher la communauté, là où se retrouvaient les esclaves, les condamnés, les impurs. Au Golgotha, carrefour de l’échec.

Ecrits et paroles, I, p. 41.