Témoins dans le monde

 

Question : Faut-il penser que l’humanité ne va jamais jusqu’au bout de son idéal ?

Père Joseph W. : On pourrait peut-être dire, plutôt, qu’elle ne cesse de poursuivre la prophétie que Dieu lui a promis de réaliser. Quand les hommes s’engagent pour un grand but, ils croient sincèrement qu’ils vont l’atteindre. Les communistes que je connais croient avec force qu’à travers eux les hommes se libéreront de l’oppression et de l’exploitation. Ils incarnent ainsi une part d’espérance du monde, ils vivent ainsi une prophétie : cela arrivera, cela sera.., cela est.

La difficulté, pour le marxisme, c’est qu’il n’a pas d’au-delà qui s’ouvre à la vie présente. Il est condamné à réussir maintenant, tout de suite.

La situation de l’Eglise est tout autre. Elle a déjà réussi et sa réussite ne peut pas être contestée. Malgré toutes ses défaillances, les pauvres sont déjà libérés. Leur libération est accomplie, non seulement en Jésus Christ, mais en tous les croyants.

Tout croyant, quel qu’il soit, qu’il fasse un acte de foi, qu’il soit en Etat de prière, qu’il soit contestation de l’injustice, est libérateur par le fait même. Pourquoi ? Parce qu’il rejoint la foi, la prière, la contestation des pauvres. Il est pauvreté et misère.

Tous n’ont pas conscience de la chance qui leur est ainsi donnée. Pourtant, leur existence même de croyants au milieu du monde est réalité et témoignage de la misère incarnée et révélée devant ces hommes.

Les pauvres sont l’Eglise, p. 34-35.