Une spiritualité à partir du plus pauvre (14)

La priorité aux plus pauvres

se place au point de départ,

elle n’est jamais acquise chemin faisant.

Les pauvres sont l’Eglise, p. 121.

Un point essentiel dans la spiritualité du père Joseph Wresinski est la priorité au plus pauvre.

La priorité au plus pauvre, c’est-à-dire la priorité à l’absent, à celui qui n’est pas encore là, qui n’ose pas venir vers nos groupes ou nos associations parce qu’il est trop enfoncé dans la honte et la peur…

Mais, dira-t-on, comment donner la priorité à quelqu’un qui est encore absent ?
Comment donner la priorité à celui qui est encore invisible ?

En allant le chercher.

En n’oubliant jamais que derrière toutes les personnes très précaires que nous connaissons, il y en a toujours d’autres que nous n’avons pas encore rencontrées. 

« Etre croyant, c’est être à la recherche passionnée de celui qui est, ici-bas, témoin de la réalité du Seigneur. […] 

Le Seigneur ne dit pas “va vers celui que d’autres méprisent”, mais “va vers ceux qui n’ont personne pour les mépriser, qui sont totalement abandonnés, ignorés, par toi et par tous.
Va vers le perdu du troupeau, vers celui qui sera ta peine, parce que resté trop longtemps seul, il risque de ne pas comprendre même son état et par conséquent ce que tu lui veux.
Va lui révéler qu’il est l’appel du Seigneur, qu’il est la réalité même de l’Eglise”. […]
 

Il n’y a pas d’autre salut pour le chrétien, homme de foi et de méditation, que de retrouver en son cœur et dans sa vie celui qui est au plus bas dans le monde.

Et il ne suffit pas de se dépouiller, de se reconnaître en lui, de le considérer comme son égal.
Il faut en faire son partenaire privilégié, quotidien.

C’est pourquoi il est si difficile pour les chrétiens d’accepter l’Eglise des pauvres. »   Les pauvres sont l’Eglise, p. 35-36.

Le père Joseph Wresinski était très attaché au dynamisme qui animait les prêtres ouvriers des années 1950. Cette spiritualité était très orientée vers l’enfouissement dans une population pauvre et précaire. A ce sujet, le père Joseph remarque :

« Nous voulions aller à la recherche de la brebis égarée, au risque de perdre les autres.
Nous voulions descendre toujours plus bas dans l’humanité souffrante, sachant qu’ainsi nous retrouverions l’Eglise dans toute sa vérité et splendeur.µ

Nous voulions vivre notre sacerdoce au cœur même de l’Eglise des pauvres. »

Les pauvres sont l’Eglise, p. 60.