Une spiritualité à partir du plus pauvre (12)

Empêcher les plus pauvres de se montrer fils de Dieu, voilà qui est intolérable pour Jésus. C’est ce qui est le plus contraire au dessein de Dieu, ce par quoi Satan gagne. Jésus ne pouvait pas faire autrement que de prendre le contrepied en se mêlant aux impurs, en se faisant le plus méprisé d’entre eux. S’il ne l’eût pas fait, il n’eût pas libéré pauvres et riches, ni tout le peuple d’Israël.

[Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 75]

La contemplation de Jésus est la source de toute la spiritualité du père Joseph Wresinski.

Encore une fois [voir la fiche n°2], la contemplation et la réflexion du père Joseph suivent une sorte de va et vient : le regard sur Jésus est plein de l’expérience avec les plus pauvres, et la présence aux plus pauvres est habitée de la contemplation du Seigneur.

C’est la proximité avec la personne de Jésus, tel qu’elle est racontée dans les Evangiles, qui est le centre de la pensée et de l’action du père Joseph.

La question qui se pose est la suivante : de quel Jésus s’agit-il ?

« Pour vous, qui suis-je ? » demandait Jésus à ses apôtres. [Voir Evangile de Matthieu 16, 13]

Il est toujours possible en effet que nous nous trompions sur l’identité de Jésus : il peut nous arriver d’imaginer un Jésus qui nous ressemble : les mêmes idées politiques, la même manière de considérer l’argent, le même comportement…

A travers sa lecture des Evangiles, le père Joseph reconnaît en Jésus quelqu’un qui vient bouleverser nos idées toutes faites.

« Le Fils de Dieu qui se fit misère pour que tout misérable le reconnaisse. » [Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 82]

« Jésus se fait le plus pauvre, le plus méprisé au regard du monde. » [Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 82]

« Pour embrasser et sauver l’humanité, Jésus était obligé de se faire le dernier des derniers. Sinon, il eût été reconnu par les possédants mais non pas par les plus humiliés. »   [Les pauvres sont l’Eglise, p. 25]

« Jésus va non seulement vivre la vie mouvante, pourchassée d’un exclu ; il sera un exclu, il mourra décrié, conspué, humilié comme le sont les exclus. C’est cela, Golgotha, l’acte qui résume tout, le Christ avec les marginaux, en dehors de la cité et parmi ceux qui officiellement étaient mis à l’écart. (…)

Il s’agissait d’être le misérable et de faire ainsi des misérables les témoins privilégiés de Dieu dans le monde, les premiers défenseurs des droits de l’homme, dirions-nous aujourd’hui. Il était la pierre d’angle et il faisait des plus pauvres la vie, la prière, la foi de l’Eglise à travers les siècles. »

[Les pauvres sont l’Eglise, p. 39]