Une spiritualité à partir du plus pauvre (16)

« La priorité au plus pauvre ne signifie pas seulement la priorité du Quart Monde dans notre vie.

En lui, la famille la plus abattue, la plus démembrée, la plus méprisée de la rue ou de la cité sera la pierre d’angle de la présence d’une équipe et de tous ses efforts. »

Les pauvres sont l’Eglise, p. 178.

Et le père Joseph Wresinski poursuit :

« Entreprendre une action avec les familles [très pauvres] ne vaudrait pas la peine, si c’était pour privilégier les plus dynamiques du groupe, pour permettre à certains de profiter au détriment de l’ensemble. »

Les pauvres sont l’Eglise, p. 178]

Le plus pauvre comme pierre d’angle de toute action, c’est-à-dire celui à partir de qui l’action sera réfléchie, projetée et programmée, puis réalisée. A toutes les étapes d’une action, le plus pauvre devra être au fondement ; il devra être celui à partir de qui est construite l’action.

Le père Joseph ne se contente pas de dire qu’il faut donner la priorité au plus pauvre.
Il se fait questionneur : n’oublions-nous pas « de découvrir et d’interroger l’homme le plus pauvre » ?

Et il poursuit en posant deux questions :

« Les plus pauvres ont-ils été découverts par un long commerce, par une communion profonde de vie et de sort ? »

« Les projets sont-ils vraiment élaborés avec eux ? »

Puis il partage ses doutes :

« A mon avis, les plus pauvres sont devancés [par les autres], comme toujours, qu’il s’agisse de la paix, du nucléaire, de la libération ou de toute autre chose. »

Les pauvres sont l’Eglise, p. 217

« Savoir ce que pensent les plus pauvres

est l’expertise essentielle,

car c’est aussi l’expertise

de ce qu’attend de nous Jésus Christ. »

Les pauvres sont l’Eglise, p. 217.

Et il insiste :

« Il faut savoir tirer notre réflexion aussi bien que notre pratique de l’expérience de la population la plus pauvre. Non pas d’une idée que nous nous faisons de son existence, mais de son vécu quotidien réel. »

« Notre pensée et notre pratique doivent être celles où Dieu se retrouve, qu’Il ne puisse pas renier. Cela nous oblige à tirer notre connaissance des populations les plus rejetées et cela nous est très difficile. »

Les pauvres sont l’Eglise, p. 218.