Eglise (4)

 

 

Si vous pensez que les familles n’ont plus de foi dans l’Eglise, n’oubliez pas non plus l’attitude du Publicain. Il n’avait rien contre le Temple, mais comment pouvait-il s’y présenter ? S’il avait avancé de quelques pas, le prêtre lui aurait dit qu’il n’était pas à sa place puisqu’il était pécheur. N’était-il pas préférable qu’il reste au fond, lui qui ne pouvait dire à Dieu que : « Seigneur, pardonnez-moi, je suis un pauvre type » ?

Il n’y a pas d’absence de foi chez les familles, il y a ignorance religieuse. La plupart des gens n’ont pas suivi le catéchisme de façon régulière. Aussi, les vicissitudes de la vie font que ceux qui vont à la messe le dimanche ne sont pas les mêmes que ceux qui envoient leurs enfants au catéchisme ; ceux qui se confessent le samedi, ne sont pas ceux qui communient le dimanche.

Tout cela peut nous induire en erreur, nous faire penser qu’il n’y a plus de foi en l’Eglise. La vraie question est autre : à part un petit groupe d’enfants qui prient, jusqu’à quel point pouvons-nous imposer aux familles d’ici un Dieu qui serait comme découpé de son contexte d’Eglise ? Si nous ne partageons pas l’Eglise, quel est ce Dieu hors l’Eglise que nous leur enseignons ?

Vivre la foi hors l’Eglise n’est pas un danger pour la foi. C’est un danger pour la plénitude de l’image de Dieu. Si d’être hors l’Eglise était un danger pour la foi, les gens l’auraient perdue depuis longtemps. Ce qui leur fait défaut, c’est une connaissance de Dieu à travers l’Eglise. Il faudrait ici une équipe de religieux ou de religieuses. Car l’Eglise est responsable de cette connaissance-là.

Il est vrai que l’Eglise n’est pas assez présente dans les lieux de misère. Bien des gens n’ont de contacts avec elle qu’à l’occasion des sacrements et trop souvent, le prêtre apparaît alors comme une sorte de gendarme. C’est grave que l’Eglise ne puisse pas apporter d’autres témoignages : sur le plan de l’amitié, de l’Evangile, du pardon de Dieu. Il faudrait pour cela une communauté chrétienne qui témoigne par la vie. Y songeons-nous assez ?

 

Ecrits et paroles, I, p. 43-44.