Projet de la recherche

Le texte ci-dessous est ce qui a servi de base de départ à la recherche « Pour vous, qui suis-je ? » Il date de mai 2008.

 

A partir d’expériences partagées se sont forgées des convictions.

Dans la mouvance du Mouvement Atd Quart Monde, nous sommes plusieurs groupes de chrétiens à cheminer depuis plusieurs années, réunissant chaque mois des personnes vivant la précarité et d’autres personnes qui ne sont pas confrontées à ces même difficultés.
Nous nous sommes regroupés dans une association : La Pierre d’Angle.

Nous sommes convaincus que le moment est venu de mettre en commun toutes ces expériences, ce qui permettra de les relire et de les formuler.

Nous sommes convaincus que, en raison de leurs conditions d’existence, les personnes les plus pauvres font une expérience du Dieu de Jésus Christ tout à fait singulière.

Nous sommes également convaincus que les très pauvres, ferment pour la société dans laquelle ils vivent, ont une parole à transmettre aux Eglises.

D’où vient cette intuition ?

Cette intuition naît de l’expérience du père Joseph Wresinski, qui a vécu des conditions de grande précarité dans son enfance et sa jeunesse. Devenu prêtre, il est retourné dans le monde qui l’avait forgé, et pouvait écrire :
« En cherchant le visage, la parole, la vie de Jésus Christ parmi les plus exclus de nos jours et de nos sociétés, il semble bien que nous retrouvions la plénitude de son enseignement. Pas seulement une inspiration, une familiarité avec la personne du Seigneur, mais une connaissance de Dieu. (…)

Les plus pauvres, agents d’une connaissance de Dieu : c’est leur expérience, leur pensée et non la nôtre qui doivent faire l’objet de nos partages. »   [Les pauvres rencontre du vrai Dieu, Paris, Cerf, 1986, p. 10-11]

 Cette intuition s’appuie sur l’expérience du Mouvement ATD Quart Monde qui partout dans le monde est témoin que les plus pauvres ont des choses essentielles à communiquer sur ce qu’est l’humanité.

 Enfin cette intuition se renforce avec notre propre expérience : nous savons que les personnes que nous rencontrons ont des points de vue que la société et les Eglises ignorent et que ces points de vue ouvrent des perspectives qui ne peuvent que nous enrichir.

Compte tenu de ce que nous venons de dire, une question ne peut manquer de surgir :

Que les plus pauvres aient quelque chose à dire qui soit important pour les Eglises, oui, sans doute…,

mais quoi précisément ?

Ce que nous souhaitons, c’est le découvrir ensemble, en nous mettant à l’écoute des plus pauvres parmi nous.

Quelles perceptions avons-nous du Dieu de Jésus Christ ?

Comment entendons-nous la parole de Jésus ?

L’Eglise, qu’en disons-nous, qu’en vivons-nous ?

Poser ces questions, n’est-ce pas reprendre la question essentielle de Jésus à ses apôtres, question à laquelle nous voudrions nous confronter ensemble :

« Pour vous, qui suis-je ? »

La perspective qui est la nôtre est de nous laisser interroger les uns par les autres pour qu’ensemble nous changions et que nous soyons les ferments de transformation dans les Eglises, avec et à partir des plus pauvres.

« Nous n’avons pas le droit de garder pour nous ce que nous apprennent les plus pauvres. Eux-mêmes ont le droit de voir communiquer leur message. Et l’Eglise a le droit de recevoir ce que les uns et les autres, nous avons eu le bonheur de découvrir. »   [Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, op. cit., p. 10]

 

 

Méthode proposée

Dans ce cadre, La Pierre d’Angle a souhaité impulser un travail de recherche.

Des groupes de recherche, à travers la France, sont prêts à entrer dans la démarche exposée ci-dessus, pour une durée de deux années, à partir de septembre 2009.

En principe, le nombre de rencontres serait le suivant :

2009-2010 : 8 ou 9 rencontres.

2010-2011 : 8 ou 9 rencontres.

Une session rassemblant tous les groupes aura lieu à la mi-parcours (les 8 et 9 mai 2010) et une autre pour conclure (les 26 et 27 novembre 2011).

Chaque groupe est constitué de personnes vivant dans la précarité ou y ayant vécu et de personnes d’autres milieux qui font alliance avec elles.

Dans ces groupes, nous nous mettons donc à l’écoute et à l’école des plus pauvres, avec le regard que nous a appris le père Joseph Wresinski. Nous croyons, comme lui, que leur parole peut être agent de transformation pour les Eglises et le monde.

Nous croyons qu’ils sont, avec les Evangiles, chemin vers Dieu.