Intervention de Marie-France (1), de Brest

 

 

 

Moi je vais tous les jours à l’église. C’est ça qui me donne la force. C’est cela qui me tient.

J’ai beaucoup réfléchi : Devant trop de malheur j’ai pensé que Dieu se cachait.

Ces derniers mois, j’ai encore vécu une grosse épreuve, et depuis je ne suis pas bien.

Aujourd’hui j’ai beaucoup de doutes.

Je me dis que Dieu ne m’aide pas trop. Je souffre…

 

La vie, elle est comme ça. Comment cheminer avec Dieu quand il y a trop d’épreuves ?
Un jour j’ai trouvé un texte à l’Eglise. Il était écrit :

« Comme c’est facile de juger les autres, il y a des gens que l’on marque pour la vie,
Il y a des gens, des frères, que l’on met par terre, qui ne peuvent plus se relever… »

Je me suis dit : c’est pas possible, ça a été écrit pour moi !

Ces paroles, elles sont importantes pour moi. Elles me concernent, elles me touchent.
J’ai l’impression qu’elles ont été écrites pour moi.

 

Je crois que j’ai fauté et que je ne peux pas en être libérée.

C’est trop grave.

 

Je crois que Dieu ne me le pardonnera jamais.

Il ne m’en voudra pas tout le temps, mais il me le rappellera toujours.
C’est comme une punition.

 

Maryvonne : Est-ce que c’est Dieu qui ne te pardonne pas ou est-ce que c’est toi qui n’arrives pas à te pardonner à toi-même ?

 

Non je pense que c’est moi qui n’arrive pas à me pardonner à moi-même.

On dit toujours que Dieu est amour, alors ça veut dire qu’il pardonne.

Il me pardonne, mais il me dit : « Attention, il ne faut pas cacher les choses. Il faut pouvoir les dire. »

A Dieu, je ne lui cache rien. C’est lui qui a su le premier.

Quand je vais à l’Eglise je lui parle fort. Car il n’y a jamais personne alors je peux lui parler tout fort. Dieu m’a fait comprendre : « Moi, je savais tout ce que tu as fait, mais j’attends que tu le dises aux autres. »

C’est vrai à Dieu je raconte des choses que je ne dis pas aux autres.

De parler avec Dieu, ça me fait du bien.

Mais il me demande de m’ouvrir aux autres.

 

Maryvonne : Qu’est-ce qu’on peut dire à Dieu et qu’est-ce qu’on doit dire aux autres ?

 

Ce qui m’arrête pour parler avec les autres c’est la peur d’être mal jugée.

La peur de ne pas être comprise m’empêche de parler aux gens.

Dieu, lui, ne juge pas.

Quand je vais à l’Eglise, parce que je ressors en paix, je sais qu’il m’a écouté et je pense qu’il souffre avec moi de ce que je lui dis.

Jésus a souffert lui aussi de ne pas avoir été compris et que certains l’ont mal jugé.
Il comprend.

 

Maryvonne : Jésus nous donne sa paix. Mais quel travail doit-on faire à l’intérieur de nous pour pouvoir la recevoir et surtout en vivre ?

 

C’est clair qu’il va me dire : « Pardonne-leur. »

Pardonner ce n’est pas oublier.

Je dois la travailler cette histoire de pardon. Mais je ne sais pas trop comment.

Ma prière, c’est demander à Jésus de me montrer le chemin pour pouvoir apaiser tout ça.

J’ai pensé aller me confesser, mais il n’y a plus de prêtre dans les églises. On ne les rencontre jamais.

Je suis sûre et certaine que si je pouvais le faire j’irai mieux après.

Je sens que je voudrais être libérée.

 

Je trouve que les gens ne se préoccupent pas assez les uns des autres.

Quand on souffre trop, on se sent très seul…, et au bout d’un moment on ne va même plus vers les autres.

Mais est-ce qu’ils savent qu’il y a des gens qui souffrent tant ?

C’est important d’aller vers les gens qui souffrent, de ne pas les laisser seuls.

 

Dans le texte à l’église il était aussi écrit :

« Et si nous étions des artisans du pardon, des artisans qui mettent debout ceux qui tâtonnent, ceux qui trébuchent… Si nous aidions toutes celles et ceux qui de par le monde travaillent au redressement de leurs frères et qui à la manière de Jésus disent : ‘Que celui d’entre vous qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre’ ».

 

Oui, je crois que si les gens pouvaient se regarder avec plus d’amour il y aurait plus de paix dans le monde.