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Témoignages du groupe de La Flèche

 

 

Claude Cosnard présente ici quelques témoignages sur l’expérience faite par des personnes en situation de précarité dans le groupe de La Pierre d’Angle dont il est l’animateur (groupe de La Flèche).

 

 

Une libération : La Parole libère la parole.

« Le partage de l’évangile est un bonheur pour moi. Je ne pensais pas que Dieu pouvait nous aider avec ce que les autres disent. Je pensais que Dieu était lointain et indifférent, et aujourd’hui çà change ma vie. »

« Maintenant je me sens utile, je me suis rendu compte qu’en rendant service , j’étais capable de faire des choses. Et quand je pense qu’il a fallu que j’ai soixante ans pour que cela m’arrive ! »

« Si je ne peux pas venir, ça me manque. Je m’arrange toujours pour ne pas avoir de ’chimio’ ce jour là. »

« Moi je regrette de n’être pas rentré dans le groupe plus tôt. »

« Moi, j’avais envie de découvrir une façon de faire, et je ne regrette pas car on se sent à l’aise pour s’exprimer, on apprend des choses, on se respecte et c’est tellement gai. »

« Moi je ne parlais jamais au début, on a toujours peur de ce qu’on dit alors on préfère se taire mais ça n’empêche pas d’écouter et de méditer. J’écoutais beaucoup, mais ça m’a apporté beaucoup. »

« Dès fois c’est dur, mais c’est un travail ensemble. »

 

Un étonnement : La Parole nous atteint, elle est pour moi.

« Le Christ, il ne regarde pas notre passé. »

« La parabole du bon Samaritain, j’avais jamais rien compris. C’est ici que je l’ai comprise, ça vous aide dans une vie. »

« Ah, l’enfant prodigue, comme je me trouve près de lui ! »

« Moi, ce qui me marque le plus en Jésus, c’est son refus de la misère : c’est la femme qui donne sa piécette. »

« Dieu, c’est sa force qui te tient debout, c’est la pierre d’angle. »

« Dieu, il avait peur de ce que je vivais. »

« Dieu, on ne le voit pas, mais on parle de lui, ah oui ça, on parle de lui. »

Et l’un reprend une Parole du père Joseph Wrésinski :

« Le pauvre a Dieu en lui, mais il ne peut pas le dire car c’est tout ce qui lui reste. »

 

Une guérison : La Parole me guérit.

« J’avais peur et cela s’est bien passé. »

« Maintenant tu parles, disent mes amies. »

« Moi, je ne parlais jamais au début. On a toujours peur de ce qu’on dit, alors on préfère se taire. Mais ça n’empêche pas d’écouter et de méditer. J’écoutais beaucoup, mais ça m’a apporté beaucoup. »

En ce lieu où se dévoilent tant d’injustices, de colères, de misères dans la vie des personnes, leurs expériences de vie étalées sans concession et qui les condamnent bien souvent aux yeux des autres, deviennent peu à peu sous le regard du crucifié, leur force de résurrection.
En même temps ces expériences entendues, comme celles de victimes à propos du Pardon, creusent en moi un espace d’accueil où seul le regard du Christ me permet de tenir et de voir « juste ».

En ce lieu sont livrées des révoltes qui en disent long sur le regard de justice et d’amour porté par les blessés sur plus pauvres qu’eux. Leurs révoltes deviennent des lumières d’humanité.

« Moi ce qui m’insupporte, c’est que quelqu’un puisse vivre et mourir dans la rue sans avoir existé pour personne. »

« Moi, je pense à tous les jeunes qui n’ont pas de boulot et qui errent sans but dans les rues. Je sais qu’ils peuvent être détruits, alors il faudrait qu’ils rencontrent quelqu’un de confiance et que leurs parents leur donnent une chance. »
Le partage de la Parole ne s’arrête pas à la fin d’une rencontre, il continue son chemin dans le cœur et l’esprit des participants. Laissons l’un d’entre eux le dire :
« Moi, j’emporte la feuille (celle des textes sur lesquels on échange), je les relis à la maison et je me remets tout ce qu’on a dit dans la tête et c’est là que je comprends mieux. »

Dans nos communautés chrétiennes, nous ne savons pas assez que nous détenons un trésor exceptionnel, que nous ne devons pas le garder dans un musée et qu’il n’est pas réservé aux spécialistes en spiritualité : l’Evangile.

N’ayons pas peur de proposer à tous de partager cette Parole. Il ne s’agit pas de l’imposer mais de demander à TOUS, s’ils le désirent, de nous dire comment elle résonne en eux et dans leur vie.

Bien sûr nul ne peut faire l’économie de l’amitié qui commence par la confiance et la réciprocité, mais nous ne devons pas regarder les personnes côtoyées comme des personnes qui manquent mais comme des personnes qui ont quelque chose à donner.
Servir n’est-il pas de permettre à chacun de pouvoir donner !
Je puis témoigner que lire l’évangile avec des personnes en situation de pauvreté ou l’ayant connu a complètement modifié ma façon de regarder l’autre et le Tout Autre. Je puis témoigner aussi que les expériences de partage avec eux ont servi à d’autres mieux lotis et que tous en sont sortis bouleversés.