Une spiritualité à partir du plus pauvre (4)

Le Seigneur n’est peut-être pas là où nous voudrions le trouver. Normalement, il nous conduit plutôt là où nous ne souhaitions pas aller. […]

Autre chose est d’aller à sa recherche. Là, nous avons avantage à utiliser la boussole qui nous est donnée dans l’Évangile. […] Elle nous oriente toujours vers un au-delà, vers un hors-la-ville, vers des chemins creux où personne n’a envie d’aller. Quand je disais : où est le Seigneur ? J’entendais : où allons-nous le chercher ? 

[Père Joseph Wresinski, Les pauvres sont l’Eglise, p. 123]

Le Christ « ne nous attend pas dans des situations ou des lieux de notre propre choix, mais dans la terre où lui-même a choisi de s’engloutir pour en ressusciter ». [Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 111]

Et c’est là où il a choisi d’être que nous devons Le chercher.

Les Evangiles nous conduiront peu à peu à découvrir là où il habite : « Venez et voyez », dit Jésus aux deux disciples de Jean.
« Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là. » [Voir Evangile de Jean 1, 39]

Chaque page des Evangiles conduit le père Joseph Wresinski à se faire plus proche de ceux que la société autour de lui considère comme des indésirables.

Et sa proximité avec les plus pauvres le mène vers la contemplation du Christ dans les Evangiles.

Mais le père Joseph n’est ni un contemplatif de la misère, ni un rêveur…

Les Evangiles sont pour lui une exigence très concrète : mettre ses pas dans ceux du Christ pour détruire ce qui enferme les êtres humains.

Sa spiritualité réunit toujours la fidélité à la personne de Jésus et le refus de l’humiliation imposée aux personnes les plus pauvres.

Pour lui c’est totalement lié. L’un ne va pas sans l’autre.

Il y a un lien indissoluble entre se laisser imprégner par la parole de Jésus et agir pour la libération des plus pauvres du monde.

La volonté de détruire la misère trouve sa source et son inspiration dans la libération qu’est venue apporter le Christ.

Mais le lien entre les très pauvres et Dieu, entre les très pauvres et la personne du Christ, ne se fait pas d’une manière automatique.

Il faut à la fois se mettre à l’écoute des pauvres d’aujourd’hui, et se laisser peu à peu transformer par la parole du Christ.

Le père Joseph lui-même remarque qu’il lui « a fallu du temps pour découvrir, chemin faisant, l’appel, l’angoisse de Dieu s’exprimant dans la misère et la souffrance du Quart Monde ».   [Les pauvres sont l’Eglise, p. 22]