Une spiritualité à partir du plus pauvre (7)

Tout au long de mon sacerdoce, j’ai espéré ramener les plus pauvres au cœur de l’Eglise, en proclamant leur vie et ce qu’ils vivaient déjà du dessein de Dieu. […]
Vers les années quatre-vingt, les familles m’avaient fait faire du chemin. Leur expérience, leur pensée ne me sont plus seulement source de familiarité avec la vie de Jésus et de son Eglise.
Elles me sont devenues, aussi, des maîtres en théologie, agents d’une compréhension plus rigoureusement bâtie de ce que nous pouvons connaître de Dieu.

« Les pauvres, rencontre du vrai Dieu », p. 63.

Le père Joseph Wresinski n’a pas compris en une seule fois l’ampleur du rôle des plus pauvres. Il l’indique lui-même : il lui a fallu du temps. Il semble qu’on puisse remarquer une progression dans la manière dont le père Joseph Wresinski a compris sa mission auprès des personnes et familles les plus pauvres.

  1. Jusque vers 1980, le père Joseph souhaite faire exister les plus pauvres « au cœur de l’Eglise » en faisant connaître leur expérience de vie. Et en faisant comprendre aux plus pauvres eux-mêmes qu’ils vivent déjà « le dessein de Dieu ».

« Découvrir avec les plus pauvres comment la présence de Dieu se manifeste au jour le jour en eux, ses enfants privilégiés. Leur révéler que Dieu parle dans l’apparente incohérence de leur vie. »   [Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 38]

« Les familles du Quart Monde incarnent de la façon la plus concrète le message de l’Evangile. Il est temps de le leur dire et de les aider à le vivre dans la joie. »
[Les pauvres sont l’Eglise, p. 244]

  1. A partir des années 1980, c’est-à-dire dans les dernières années de sa vie (le père Joseph est mort en février 1988), il prend une plus vive conscience que les plus pauvres ont une parole originale sur la personne de Jésus et sur Dieu lui-même. Il va même jusqu’à les appeler des « maîtres en théologie ».

Une remarque

Le père Joseph semble indiquer un chemin à suivre.

  1. D’abord, connaître les personnes vivant dans la misère : les rencontrer, les écouter ; essayer de mieux comprendre l’injustice qu’ils subissent ; les laisser transformer nos préjugés ; nous laisser interroger sur nos propres manières de vivre et d’être. 
  1. Cette première étape n’est jamais terminée, mais elle permet d’entrer dans une seconde étape : non plus seulement écouter, mais apprendre des plus pauvres. Leur expérience de vie parle et révèle : elle est une contribution essentielle pour l’Eglise et le monde.