Une spiritualité à partir du plus pauvre (8)

Pouvons-nous porter en nous une quelconque représentation de l’infinité de l’Amour de Dieu, à moins de communier à l’immensité de la honte infligée aux misérables ?
Il m’est apparu que, sans eux, nous n’imaginons pas l’amour de Dieu moindre mais autre qu’il n’est. Nous risquons de nous tromper, non pas sur la qualité ni la profondeur de l’amour, mais sur la nature même de Dieu.

[Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 119-120]

Les plus pauvres et les plus petits sont un guide sûr pour reconnaître qui est Jésus, et reconnaître en lui un homme enraciné dans le milieu pauvre de son temps, un homme sans cesse bouleversé par l’expérience de vie des personnes mis au ban de la société : que ce soit les pauvres, les pécheurs, les malades, les publicains.

Question : Le texte du père Joseph Wresinski ne parle pas de Jésus mais de Dieu. Pourquoi nous parlez-vous de Jésus ?

Réponse : N’oublions pas que nous ne pouvons connaître Dieu que par Jésus.

C’est toute la personne de Jésus (sa manière d’être, d’agir et de parler) qui nous montre qui est Dieu, quelle est sa « nature », pour reprendre les mots du père Joseph dans le texte cité.

« Personne n’a jamais vu Dieu, mais le Fils nous le raconte. »

« Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. »   [Evangile de Jean 1, 18 ; 14, 7]

Les très pauvres d’aujourd’hui nous donnent de mieux voir qui étaient les hommes et les femmes qui se pressaient autour de Jésus. Et ils nous font mieux comprendre le comportement de Jésus : il se faisait proche de ceux que personne ne voulait fréquenter, de ceux qui étaient méprisés et rejetés.

C’est ce que dit le père Joseph lorsqu’il dit que « sans les plus pauvres, nous risquons de nous tromper sur la nature du Dieu » que nous raconte Jésus dans les Evangiles.

Sans les plus pauvres, nous laisserions Jésus s’embourgeoiser, ne côtoyant l’horreur et la violence de la misère qu’au détour d’une route et comme par hasard.

Sans les plus pauvres, nous imaginerions le Père comme un Dieu donnant la priorité aux puissants et ne regardant que de loin les pauvres et les humiliés.

Sans les plus pauvres, nous ferions erreur sur Dieu.

Les plus pauvres qualifient l’amour de Dieu : Il donne la priorité sans condition au plus petit.