Un texte de Marcel Le Hir (16 avril 2015)

 

 

Un texte écrit par Marcel Le Hir,

Militant du groupe de Rennes

16 avril 2015

 

 

Depuis que je rencontre Jésus à travers la Bible, en vivant son chemin en tant qu’homme, je le rencontre ailleurs maintenant. Il a transformé mon regard et a ouvert mon cœur. Il a fait mûrir en moi cette volonté qui me permet d’aller à la rencontre de l’autre, du frère, de celui qui manque ; mon chemin est encore long et très loin d’être parfait.

Dans le parcours de vie de Jésus, ce que je remarque, c’est qu’il est toujours présent dans le pauvre, dans la faiblesse de l’autre, car en réalité on y découvre des richesses.

Mais pour moi, ce qui est le plus atroce, c’est Jésus crucifié, et le plus beau, c’est Jésus ressuscité. Difficile à comprendre et surtout à admettre : celui qui était mort n’est plus là, c’est le vide, mais un vide qui devient un espace de présence. Quand on croit en cela, notre chemin s’éclaircit et devient un chemin de pacification intérieure. Cela a mis du temps à s’opérer en moi, mais l’amour du Christ sur la croix fait briller la vie et c’est avec lui que le grand changement a commencé. Il m’accompagne et m’entraîne sur tous les chemins, ceux qui passent par la fraternité et l’amour. Aujourd’hui, cet amour qu’il me transmet à travers mes rencontres, a séché mes plaies. En moi résonne l’espérance et s’ouvrent des chemins vers l’amitié pour y faire fructifier la vie, celle du Christ, c’est-à-dire l’amour, celui qui nous transforme, qui nous unit.

S’il fallait définir le mot aimer, qui pour certains est compliqué, mais en réalité est simple à vivre, c’est chaque jour et sans cesse répéter ces gestes qui font plaisir et qui sont appréciés. Ce mot aimer doit être un passeport pour l’éternité, il nous a été transmis par Dieu. Il est tellement beau qu’il faut éviter de l’écorcher, mais plutôt le partager. Il nous permet d’être tous des constructeurs, malgré nos différences.

Parlons de cette fraternité dans cette année placée sous le signe de l’espérance.

N’est-ce pas être auprès de ceux qui sont dans la détresse, qu’il y ait une vraie solidarité entre les hommes et surtout l’amour que l’on se doit l’un pour l’autre, de pouvoir donner autour de soi, pouvoir s’unir pour un monde sans misère, voir l’autre, le frère, sous un autre aspect.

Ce qui empêche d’approcher Dieu c’est l’égoïsme car nous ne savons pas ou plutôt ne voulons pas, poser des actes de paix et d’amour. On ne prend pas le temps, on ne cherche pas à savoir pourquoi untel est comme cela, on juge alors que l’on devrait essayer de rallumer la flamme qui habite chaque homme qui est dans le désespoir. Ce manque de croyance en Dieu entraine un manque de lien fraternel, donc on ne croit plus en l’autre, notre semblable.

On vit bien des fois dans l’obscurité, le cœur fermé, il n’y a plus d’amour. Si aujourd’hui je suis critique sur ces faits qui sont réels, c’est que je les ai vécus moi-même, ne pensant qu’à moi. Mais ma rencontre avec Dieu m’a redonné confiance, m’a réchauffé le cœur et m’a aidé sur le chemin de la réconciliation avec moi-même.

Pour pouvoir rencontrer l’autre, j’ai compris que la paix intérieure ne peut se construire que si l’on retrouve goût à la vie.

Il faut que l’Eglise soit le chemin de la foi, de la communion entre tous les hommes, pour une société plus juste, qu’on ait le droit de penser, de comprendre, d’agir, de prier, d’aimer.

Jésus sur la croix nous a légué un héritage, l’Amour ; la pauvreté du Christ crucifié c’est une expérience de vie, une exigence. Il ne nous demande pas de faire pareil mais soyons disponibles à l’appel de l’amour, du partage, notre eucharistie doit se faire à travers ceux qui souffrent.

En écrivant ces lignes, je me souviens de toutes ces années de galère où j’étais dans mon monde à moi, j’avais perdu Dieu de vue, il n’existait pas, je l’avais oublié, mais lui, non ! Il a mis sur ma route des personnes fortes de cet amour de Dieu, que j’appellerais des guides, pour sortir de l’obscurité, de la désespérance. Cela m’a permis de devenir créateur de ma vie et de pouvoir transmettre ce que j’ai reçu. C’est mon moteur aujourd’hui pour donner de l’amour auquel tout être humain a droit.

Si je m’imprègne de la vie de Jésus, si je veux continuer à vivre DIACONIA, alors je dois être déterminé dans l’accueil, dans l’écoute, rejoindre et ne pas rejeter tous ceux qui vivent le désespoir. Je dois être en communion avec eux, créer cette fraternité comme une nativité, pouvoir donner de moi-même. C’est vraiment être accroché à Jésus qui illumine les cœurs car il s’agit bien du cœur qu’un humain peut donner.

Je ne peux ignorer ce que j’ai été quand je croise les regards des plus pauvres, dans la rue, dans les quartiers ; le vrai bonheur n’est-il pas d’être présent aux autres dans la difficulté, c’est s’émerveiller à la foi, cette nourriture qui permet de se relever, de renaître, d’exister.

Je crois que je puise mon énergie vitale dans ma foi en Dieu et dans les rencontres qui reconstruisent. Il y a aussi cette persévérance indispensable à développer ce désir à réapprendre l’accueil, à ne pas vivre en somnambule par paresse et facilité.

Alors aujourd’hui, remettons au goût du jour ce mot Amour que je cite plusieurs fois dans cet écrit. Il nous vient du Créateur. Quand on l’oublie nous-mêmes, on se trouve tout un tas d’excuses, mais on en fait tout un problème si quelqu’un nous le refuse. Pourtant la vie est plus séduisante quand on l’emploie car il permet de guérir les maux.

Merci Seigneur.