Un texte de Marcel Le Hir (1er mai 2015)

militant du groupe de Rennes (1er mai 2015)

 

 

Dans la continuité de mon chemin de foi où je parlais de l’amour que le Christ nous transmet, je veux continuer ma réflexion en mettant Jésus comme point central dans ma vie. Une passion profonde s’est installée entre nous, je le rencontre tous les jours à travers l’autre, de différentes façons, ce qui change ma façon d’accueillir.

Je sens qu’il me façonne en enlevant toutes les impuretés qui m’empêchent d’avancer. Il me donne un fort désir de porter mon regard au-delà de la grisaille quotidienne où l’on ne voit à la télé que des images de drames et catastrophes. Bien sûr, il ne s’agit pas de s’en désintéresser, au contraire, mais je me sens le désir de laisser de l’espace à la prière à Jésus, de croire en la vie. On ne peut ignorer ce qui blesse et détruit la vie, mais mettre mon attention sur ce qui est beau, bon, généreux, refuser le désenchantement et le désespoir, c’est manifester l’amour pour la vie et le faire partager tous les jours.

Jésus me fait prendre conscience de l’extraordinaire privilège d’être vivant, comme lui, auprès des autres, quels qu’ils soient. Ne m’a-t-il pas permis de vivre mes plus belles pages d’amour, celui vécu entre deux êtres, amour intense, passionné, qui permet de créer la vie qui perdure et forme le socle solide de la famille quand elle reste unie. Je m’aperçois aujourd’hui qu’il me manquait quelqu’un, ce quelqu’un c’était Jésus quand j’étais dans mon désert à moi, comme Jésus en son temps.

Je sais qu’il est difficile de guérir de ce que la vie m’a fait, mais c’est ce Jésus présent qui me permet d’avancer, il m’a fait renaître, je me suis relevé pour sortir du malheur. Aujourd’hui, je suis dans le présent, avec cette force qui m’anime pour aller vers le futur, rempli de volonté et de désir.

Cette passion pour Jésus est merveilleuse. Se laisser traverser par un souffle venu d’ailleurs, pouvoir rencontrer l’autre, celui qui est alcoolique, celui qui fait la manche. Tous ces errants abandonnés, je les comprends car j’ai été l’un des leurs. Je dois être en mission auprès d’eux, comme chacun de nous d’ailleurs, ne pas baisser mon regard quand je les croise, cela ne serait pas digne de ma foi. Cette foi en Jésus m’a donné un regard neuf sur ce qui m’entoure, me fait voir qu’il y a du beau même dans ce qui peut paraître laid. Ne sommes-nous pas, chacun à notre manière, le grain qui peut nourrir et aider le prochain à se transformer ? Au lieu de contempler et noircir les problèmes, c’est prendre conscience que le prochain existe, qu’il est là dans les turbulences de la vie, malheureux, attendant une main, une attention. L’amour du Christ est une bonne maladie, il doit être contagieux.

Dans ce monde où nous vivons, où nous ne sommes jamais sûrs du lendemain, j’ai la chance d’avoir cette foi qui dynamise, qui ouvre le cœur, pas un cœur ‘’marchand’’ mais du côté du don. Donner de soi pour l’autre, si on aime, ce don devient inaltérable.

Pour connaître le bonheur, il faut savoir écouter son cœur. Quand le doute s’installe, une image me vient à l’esprit : le Christ sur la croix qui a donné sa vie. Alors une petite lumière vient m’éclairer, la lumière de l’espérance, la preuve que Jésus est plus grand que mon cœur pour éloigner le découragement intérieur. Il est présent dans les bons et les mauvais moments.

La foi ne consiste pas à s’attacher dans les faits les plus visibles de la vie de Jésus, même si c’est important. Mais je m’attarde à découvrir derrière ceux-ci son véritable pouvoir par l’amour des autres et ne pas aller le chercher là où il n’est pas. Jésus démontre bien comment il a bousculé toutes les idées reçues qu’on se faisait de lui comme envoyé de Dieu, il a été persécuté comme aujourd’hui les chrétiens du monde. J’ai ressenti moi aussi que ça dérange des gens quand je leur dis que je vais à la messe. Je n’ai pas à cacher ma foi, bien au contraire. Les Apôtres ont eu du mal à accéder à la véritable foi, Jésus a sans cesse été obligé de les bousculer et là je me reconnais obligé toujours de me remettre en question, ce qui veut dire que la foi n’est pas facile, elle suppose au contraire un véritable passage par l’épreuve mais c’est de là que jaillit la vie, cette source qui mène au service.

Moment fort de la semaine, c’est ma rencontre avec Jésus au moment de l’eucharistie à la messe, c’est intense. Mais j’aime aussi le rencontrer le soir, seul dans ma chambre, faire le point avec lui sur ce qu’a été ma journée, me confier et surtout me libérer.

Connaître l’amour du Christ, c’est une œuvre qui n’est jamais terminée. Seul le Christ l’a accomplie en plénitude jusqu’à donner sa vie. Nous sommes tous appelés à suivre Jésus, chacun à sa façon. Gardons l’espérance, la violence, la haine n’auront pas le dernier mot, Jésus Christ les a vaincues jusqu’à la mort.

Je lui rends grâce de la manière dont il se manifeste à moi, il est ma boussole. Nous ne sommes rien s’il n’y a pas d’amour, celui du Christ.

Alors ma prière s’envole vers ceux qui n’ont pas croisé encore la route de Jésus pour qu’ils puissent sortir de cette grisaille, pour aller vers la lumière qui libère, celle du Christ.

Merci Seigneur de me permettre d’écrire ces lignes où tu es omniprésent, tu sais quel bonheur cela me procure et fait grandir ma foi.