René Macaire (3)

 

Un texte de René Macaire, dans La mutance, p. 91-95.

Au 19ème siècle, on s’occupait de la vie spirituelle du plus démuni mais on ne croyait pas qu’il pouvait devenir le ferment et l’ouvrier d’une société autre. Au 20ème siècle, on s’occupe bien de faire du plus démuni ce ferment, mais on omet de l’inviter à entrer en sa propre Plénitude d’homme. Ce que nous appelons la mutance est le refus de séparer l’un et l’autre.

La lutte contre la misère, privée de l’esprit de pauvreté, tend à atrophier chez le militant la capacité d’innover au profit de la capacité de se battre.
(…)

Si nous n’acceptons pas le risque et la pauvreté (vécus grâce à la fraternité), nous ne pouvons pas innover, nous ne pouvons que nous battre pour un monde qui ne naîtra jamais.
(…)

La militance qui n’est pas mutance, c’est-à-dire qui ne mène pas à l’objection de conscience en matière de défense, à la création d’écoentreprise en matière de production et de commerce, à un autre type d’alimentation et de santé, etc., est toujours en danger d’être une école d’oppression. Certes, il faut lutter contre l’injustice et la misère mais il faut savoir d’un même pas que si cette lutte ne fait pas de ceux qui la mènent des « mutants », elle en fait les outils inconscients d’un monde où l’injustice est remplacée par la contrainte.

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Une définition de la mutance