Joseph Wresinski est né à Angers, le 12 février 1917, d’une mère espagnole et d’un père polonais.

La Première guerre mondiale a jeté sa famille, considérée comme étrangère, dans la grande précarité, la honte et l’humiliation.

Cette expérience a été très importante pour l’enfant Joseph, au point qu’elle a construit une personnalité extrêmement sensible à l’expérience de tous ceux qui subissait la misère.

Il écrira plus tard, en se rappelant son enfance :

« Les familles que je rencontrai [au camp de Noisy-le-Grand] me rappelèrent la misère de ma mère, les enfants qui m’assaillirent c’étaient mes frères, c’était ma soeur, c’était moi quarante ans plus tôt, rue Saint-Jacques, à Angers. »  [Dans un reportage filmé, « La rue des Fleurs », en 1984]

Sa vie d’enfant lui a permis d’entendre le refus de la misère de tous les pauvres du monde.

Et sa présence auprès des plus pauvres lui a donné les moyens de comprendre ce qu’il avait vécu dans son enfance.

Après son certificat d’études à 13 ans, il commence un apprentissage de pâtissier, rejoint la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et décide d’entrer au séminaire :

« Combattre pour que jamais plus une famille ne fût semblable à la mienne, c’était devenir prêtre de Jésus Christ mort et ressuscité », écrira-t-il des années plus tard.  [Les pauvres sont l’Eglise, 1983, p. 44]

Ordonné prêtre en 1946 à Soissons, il exerce son ministère dans des paroisses ouvrières et rurales pendant dix ans.

Puis en 1956 son évêque lui propose de se rendre dans un camp de sans-logis, à Noisy-le-Grand.

C’est là qu’il fonde, avec quelques familles dans l’extrême pauvreté, ce qui deviendra le Mouvement ATD Quart Monde.

Toute la spiritualité du Père Joseph (y compris les implications politiques et sociales de son action et de son message) est totalement centrée sur l’identification de Jésus aux plus pauvres :

« Pour embrasser et sauver l’humanité, Jésus était obligé de se faire le dernier des derniers. Sinon il eût été reconnu par les possédants mais non par les plus humiliés. »                                                                                       [Les pauvres sont l’Eglise, p. 25]

« Toute théologie nous amène à rencontrer Dieu dans l’appauvrissement de son Fils. »  [Les pauvres, rencontre du vrai Dieu, p. 119] 

« Je pensais qu’en me faisant prêtre, j’entrais chez moi, parmi les miens. Je pensais aussi que je rejoignais Jésus qui, seul, pouvait donner une réponse essentielle et globale au monde de la misère. Jésus Christ était la réponse qu’attendaient les plus déshérités. »  [Les pauvres sont l’Eglise, p. 45]

C’est à partir de la personne de Jésus, « Fils de Dieu, fait homme de la misère », selon une de ses expressions que nous aurons l’occasion d’expliquer, qu’il appelle ses contemporains à donner sans condition la priorité au plus pauvre.

Le Père Joseph Wresinski meurt le 14 février 1988.